Concilier les impossibles, par Manuel Jover, Extrait de "Louise Barbu" aux Editions Auréoline

image


Il semble que depuis le début, et une fois pour toutes, Louise Barbu ait su comment elle habiterait sa vie de femme, comment elle habiterait l'univers : engagée dans une connaissance heureuse de la vie ; optimiste par pessimisme, se plaît-elle à dire. Un renversement voulu, patient, qui se jouera sur le terrain de la peinture.

Au tout début, il y a un jardin - il y aura toujours un jardin - et le ciel d'Orly sillonné d'avions, l'éternel défilement des nuages, les contemplations infinies. C'est aussi le ciel d'où pleuvent les bombes, le ciel d'apocalypse qui embrase la terre, éventre les maisons. La destruction révèle la terrible fragilité de la vie.

Au début, son regard se porte, non sur ce qui fait un paysage, fleurs et feuillages, terre et ciel, haut et bas, mais sur l'infime : ce qui reste d'une feuille rongée par les limaces, le squelette des nervures, le grain d'une écorce d'orange ...

Dans ces commencements, Louise Barbu ne se pense pas artiste, mais elle l'est, avec autant d'humilité que de détermination. Et avec de modestes moyens, pour commencer. Car elle n'a jamais mis les pieds dans une école d'art. Elle apprend, seule, en parfaite autodidacte. Et en courant les musées, les galeries et les salons. Les premières oeuvres, les premières séries forment ce qu'elle appelle la « période de l'air ». Ce sont des collages, sur des toiles elle colle ces petits riens qui l'émerveillent, feuille rongée, épluchures, qui recèlent à ses yeux les signes originels et mystérieux de la vie, sauvés-collés...



Haut de la page